Exposition de Nicolas Floc’h

"Glaz" : une plongée artistique au Frac Bretagne

Glaz : la couleur de la mer en Bretagne

“Glaz” est un terme qui désigne en breton la couleur de la mer, quelque part entre le vert et le bleu. Fruit d’une dizaine d’années de travail de Nicolas Floc’h, 40 sculptures et 25 photographies sont présentées au Frac Bretagne à Rennes, dans une vaste exposition qui se prolonge aussi à la galerie Lendroit Editions.

Un projet artistique dans lequel l’artiste rennais s’est littéralement immergé en allant faire de la plongée sous-marine en bouteilles, au large des côtes bretonnes, du côté d’Ouessant, et dans les fonds japonais pour faire des photographies en noir et blanc de mystérieuses structures. Des formes qu’on retrouve en sculptures dans cette exposition qui se déploie dans tous les espaces du Frac Bretagne.

Plongée dans la vie de la mer

L’exposition de Nicolas Floc’h s’ouvre par une œuvre issue de la collection du Frac et réalisée en 2008 pour les Atelier de Rennes, biennale d’art contemporain : la tour pélagique est un filet de pêche qui fonctionne. Sa particularité, outre sa taille vertigineuse, réside dans sa forme : celle d’une tour Eiffel qui se dévoile lorsqu’elle est jetée à l’eau pour pêcher du poisson. Un symbole industriel, plongé dans un élément naturel qui résume l’exposition : on nage entre deux eaux, à la croisée du vertical et de l’horizontal, à la frontière du visible et de l’invisible. Avec l’artiste dans le rôle du moniteur de plongée…

• Frac Bretagne, ouvert du mardi au dimanche, de 12h à 19h. 19 Av. André Mussat (bus C4 ou 14, arrêt Cuvillé). Entrée : 3 euros (tarif réduit : 2 euros).

Villes immergées et ruines inversées

Dans la galerie Nord, c’est un travail de sculptures et de photographies sous-marines que présente Nicolas Floc’h. Pour le réaliser l’artiste, qui pratique la plongée en apnée depuis son plus jeune âge, s’est formé à la plongée en bouteille et à la photographie sous-marine. Dans son travail en effet, l’apprentissage occupe toujours une place importante. Dans cette salle, on découvre en images les récifs artificiels au Japon, une véritable urbanisation sous-marine aux proportions gigantesques.

Les récifs artificiels : des milliers de lieux sous la mer

Depuis des années, des structures sont immergées pour servir d’habitat aux poissons et animaux marins, la mer y reprend ses droits, comme dans les épaves qui servent d’abri à une nouvelle vie. Les hommes participent ainsi au développement de ces récifs artificiels en immergeant des structures que l’artiste reproduit à l’échelle 1/10 sur le sol du Frac Bretagne. Des formes dans un état temporaire et éphémère qui répondent à des préoccupations environnementales, comme le développement d’un écosystème précis. Mais d’autres sont des lubies d’ingénieurs, aux formes étranges, un monde englouti à la Jules Verne. Le destin de ces paysages artificiels est celui de ruines inversées : une fois dans l’eau, elles vont grandir puis disparaître, à mesure que la nature s’en empare. 

Habitats naturels : plongée dans la vie de la mer

Cap ensuite sur la Galerie Est et sur Ouessant pour une série de photographies en noir et blanc et de sculptures autour des habitats naturels bretons. Des photos pour lesquelles l’artiste voulait « sortir de l’exotisme sous-marin et faire de la photo de paysage » en version sous-marine. En regardant ces images, « on ne sait pas où on est, quand on plonge dans l’océan on est baigné dans la couleur » explique Nicolas Floc’h qui veut aussi montrer la masse d’eau et évoquer la couleur « glaz » qui donne son nom à l’exposition. La couleur de l’océan « donne des informations sur sa composition » souligne l’artiste qui a passé quelques semaines en « résidence » à bord d’un navire scientifique, embarqué avec les équipes de l’Expédition Tara.

« Dans la mer, le vert et le bleu reviennent toujours, Glaz désigne aussi cette couleur indéterminée qu’on retrouve dans l’océan en Bretagne et dans tout le monde végétal » remarque Nicolas Floc’h qui s’intéresse depuis longtemps à l’univers maritime.

Immersion dans le Gulf Stream

Dans la Galerie Sud l’exposition Glaz débouche sur un ultime espace pictural immersif autour du courant qui apporte une douceur naturel au climat breton. Sur les murs : un pigment bleu issu de phytoplanctons verts qui se développent dans un bioréacteur qui diffuse de la lumière. Face aux visiteurs le Gulf Stream, dessiné en néons, éclaire l’espace au centre duquel Nicolas Floc’h réalise des performances.

Pendant toute la durée de l’exposition, différents rendez-vous auront lieu autour de Glaz, autant de passerelles entre l’art, l’univers marin, la science et l’environnement.

• Voir le programme sur le site du Frac

Quand l’art s’affiche dans la ville en 4X3

Hors les murs, l’exposition Glaz se poursuit à Lendroit éditions, du 7 septembre au 7 octobre 2017, avec une sélection d’œuvres de l’artiste rennais réalisées dans le cadre de son expédition sur Tara, et dans les rues de Rennes où quatre images de Nicolas Floc’h, seront affichées sur des panneaux publicitaires. L’idée d’investir les espaces publicitaires 4X3 avec des œuvres d’art est née de la consultation des Rennais dans le cadre du budget participatif et de la Fabrique citoyenne.

Les images de l’artiste illustrent le réchauffement climatique dans le Kuroshio, le courant noir du Japon  et ses effets sur les récifs coralliens. Ouvrez l’oeil, les affiches tourneront dans différents endroits de la ville…

• Plus d’informations sur le site de Lendroit Editions. Exposition à voir au 24 bis Place du Colombier.