Publié le 09 décembre 2015 par Epannetier, mis à jour le 19 décembre 2023

Musique(s) à Rennes

Du rock à l’électro, 40 ans de vibrations musicales

London Grammar - Rennes

Désignée par le magazine Télérama « capitale du rock français », Rennes doit sa réputation à ses festivals, ses salles de concert et son vivier hors normes. Mais la ville vibre au son de toutes les musiques.

La pop des années 80

Ramoneurs de menhirs

Impossible de parler de Rennes sans évoquer l’histoire du rock français. Une page glorieuse qui commence à la fin des années 70 avec la new-wave de quelques groupes restés dans les mémoires, comme Marquis de Sade, Marc Seberg ou les Nus. Cette bande d’amis a su saisir l’air du temps d’après la vague punk et a inspiré d’autres artistes avec une musique aussi rock que poétique. C’est à cette époque bénie qu’ont éclos des dizaines de concerts, festivals et bistrots rock’n’roll, comme peu de villes en ont connu. En parallèle, le festival des Trans Musicales prenait de l’ampleur.

On connaît la suite : la new-wave froide et mélancolique s’est muée en un papillon plus bigarré. Les années 80 ont vu surgir la pop intemporelle d’Étienne Daho puis de Niagara, dont les tubes tournent toujours sur les platines des radios ou des discothèques.

L’aventure s’est poursuivie dans les années 90 avec des artistes aussi variés que Billy Ze Kick (« Mangez-moi ! »), Percubaba (reggae-dub-rock) ou l’excellent groupe de fous sauteurs Sloy. Sans oublier le punk enragé de Tagada Jones, suivis une décennie plus tard par les Ramoneurs de Menhirs, dans un style plus… celtique !

De l’histoire du rock en France à la scène électronique d’aujourd’hui

Zebra

Mais la vie musicale rennaise ne se limite pas au rock, même s’il en est la colonne vertébrale. Car du rock sont partis d’innombrables étincelles, vers des horizons plus électroniques. Ancien bassiste de Billy Ze Kick, DJ Zebra a participé à l’explosion des musiques électro dans les années 90, jusqu’à leur popularisation dans les années 2000. D’abord connu pour ses mix afro-latino, Zebra a créé plus de 500 bootlegs (collage de morceaux) et animé un nombre incalculable d’émissions radios et de soirées, à Rennes et à Paris.

La ville n’a jamais manqué de Dj de renoms : Marrrtin, Boogaloo et Lotari, Ordoeuvre (champion de France et vice-champion du monde de scratch), Netik, Pat Panik… Beaucoup sont issus de la scène soul/funk. On ne peut citer ici tous les artistes qui ont contribué à faire vibrer la scène électro ou hip-hop rennaise, ni le grand nombre de soirées électro-house ou électro-rock, comme les mythiques Crab Cake à l’Ubu, les 88 Sessions au 1988 Live Club, ou les mémorables soirées DJ du Moon Station. À ne pas manquer si vous êtes fans du genre.

Olivier Mellano, un héros très discret

Olivier Mellano,  auteur et  guitariste

Parmi les noms moins connus mais très cotés chez les mélomanes, Olivier Mellano est un auteur et  guitariste aux mille facettes, l’un des plus talentueux de sa génération. Il a collaboré avec plus de cinquante groupes et artistes : Miossec, Dominique A, Yann Tiersen, Françoiz Breut… Depuis plus de 20 ans, il sillonne la France et les projets, du pop-rock à la composition pour orchestre symphonique, en gardant Rennes comme port d’attache.

Rien ne l’arrête : cinéma, théâtre, danse, il a par ailleurs composé la musique de « Par les villages » de Peter Handke, mis en scène par Stanislas Nordey avec Emmanuelle Béart au Festival d’Avignon en 2013.

Parmi les autres talents qui émergent au niveau national au départ de Rennes, on peut également citer la chanteuse rock Laetitia Sheriff, originaire de Lille et Rennaise de cœur ; le rock héroïque des crooners survoltés de Success ; l’électro-pop cérébrale des Juveniles, qui a fait la une de plusieurs magazine rock ; et bien sûr le surf-rock dansant et très cinématographique de Bikini Machine.

Canal B, une radio curieuse et unique

Radio Canal B

Voici l’une des fiertés de Rennes, une radio pas comme les autres, fabriquée avec talent et amour depuis plus de 30 ans. Pirate à ses origines, Canal B (comme Bruz, sa ville de naissance) a grandi avec la génération rock et suivi la ville et ses mutations. Son esprit punk est toujours là, notamment grâce à ses animateurs forts en gueule : les Grignous, grincheux de profession et grands bavards amoureux de leur cité. Mais toute l’équipe s’est aussi professionnalisée.

Le projet de Canal B va bien au-delà de ses murs : l’association accompagne la vie culturelle rennaise, ouvre son antenne à tous et monte des studios mobiles un peu partout, dès qu’elle peut. Aucun événement local n’échappe à son émission d’actualité, Le Plan B ; aucune sortie de disque n’évite la platine de Yann, l’érudit rock (et au-delà, du yéyé à l’électro). Côté musique française, les auditeurs peuvent compter sur la sélection de Thibault Boulais , dans son émission Les richesses du terroir. Enfin Paco, éternel jeune garçon, propose ses coups de cœur dub, reggae et musiques du monde, mais aussi bandes dessinées, films et autres joyeusetés.

Noise rock, métal, pop, soul, mais aussi féminisme, gastronomie et politique : la grille est riche et surprenante. Si vous passez par Rennes, jetez une oreille curieuse au 94.0 MHz sur la bande FM, ou si vous êtes à plus de 30 km de la ville sur internet.

Un Jardin extraordinaire

Le liberté à Rennes

Dans la zone industrielle route de Lorient, d’anciennes manufactures se muent en lieux d’exposition ou résidences d’artistes. En bord de Vilaine, à quelques coups de pédale du centre, un bloc recouvert de fresques géantes émerge d’un parc : le Jardin Moderne, « espace d’aide à la création et la diffusion » des musiques actuelles. Un lieu étonnant pour voir de la musique, pour en jouer, pour répéter et se retrouver. La programmation y est éclectique et tournée vers la scène locale, mais pas seulement. Marché de Noël, expos, formations, restauration, le Jardin est d’abord un lieu de vie. A découvrir même si vous n’êtes que de passage.

Par ailleurs Rennes ne manque pas de scènes où voir des concerts. L’Ubu, le 1988 Live Club, L’Étage et le Liberté, sont en plein centre-ville. La MJC Antipode, labellisée SMAC (Salle de Musiques Actuelles) est située dans le quartier de Cleunay. Des petites scènes font vivre les campus universitaires : le Tambour, la Harpe, le Diapason

Tourisme éco-responsable