Publié le 25 mai 2017 par Fabrice Mazoir, mis à jour le 8 janvier 2024

Luc Donnard

Sur la piste de Big Love et de la culture club

Luc Donnard au Frac - Bretagne
© Photo Nicolas Joubard – Ouvrage réalisé par Studio Odile Decq

Luc Donnard, fondateur et directeur artistique de Crab Cake Corporation, organise des événements autour du clubbing et de la fête comme le festival Big Love dans les parcs et lieux insolites, le dancing à l’Ubu ou encore discologie aux Champs Libres. A quoi ressemble son Rennes intime ? Suivez-le pour un parcours dans la ville, entre flâneries architecturales, bonnes adresses conviviales et lieux culturels incontournables…

Un parcours autour de la culture

Avant d’organiser des événements musicaux autour des musiques électroniques, Luc Donnard a vécu différentes expériences artistiques : théâtre, cinéma et cultures sans frontière ponctuent son parcours et alimentent les événements qu’il met en scène dans Rennes et pour lesquels il fait venir des artistes de toute l’Europe.

Luc Donnard dans les bureaux de Crab Cake
Luc Donnard dans les bureaux de Crab Cake © Destination Rennes / Nicolas Joubard

Mais c’est par intérêt pour la géographie et l’urbanisme qu’il est venu « du bout du monde », de Quimper, étudier à Rennes. Aujourd’hui, il continue d’explorer la ville, avec un autre œil, en quête de lieux insolites pour organiser le week-end Big Love chaque année au mois de juin. Un événement joyeux, hors les murs, pour décloisonner la culture du clubbing. « L’idée de Big Love c’est d’imaginer un parcours dans la ville, créer une présence autour de lieux méconnus qu’on n’a pas l’habitude de voir sous un angle festif » résume Luc Donnard.

De Rennes au Lieu Unique, en passant par le festival d’Avignon et Nuits Blanches

Son parcours à lui emprunte plusieurs voies : pendant ses études à la fac de Rennes, il consacre son mémoire à la reconversion des friches industrielles en lieux culturels. Il file ensuite au Lieu Unique à Nantes, puis au festival d’Avignon, avant de participer à la grande époque des Nuits Blanches à Paris.

« J’ai eu la chance de faire partie de l’équipe de Jean Blaise qui a travaillé sur Nuits blanches à Paris en 2005 » raconte Luc. « Des lieux investis pour une fois, juste le temps d’une soirée, c’est ce qui a fait la magie des Nuits Blanches. Ce rapport à la ville, à l’éphémère, à l’architecture, a été fondateur dans mon parcours. Un esprit que j’essaie de faire passer à Rennes dans les événements de Crab Cake Corporation ».

Le déclic et la naissance de l’esprit Big Love

En 2008, après avoir collaboré avec le réalisateur breton Christophe Honoré et même monté les marches à Cannes, il revient en Bretagne, à Saint-Malo, en tant que Directeur artistique d’un Club où il programme beaucoup d’artistes électro. Deux ans plus tard, il monte un festival autour de ces musiques sur la côte d’Emeraude et organise des soirées inédites comme celle qui a embarqué, le temps d’une marée, quelques clubbers privilégiés pour une expédition festive sur le Fort du Petit Bé.

Occuper et détourner un lieu pour faire la fête… voilà le début d’une longue série de soirées atypiques à Rennes. Les prémices avant le festival Big Love, dont le déclic a été un jour ensoleillé de fête de la musique, devant le Palais Saint-Georges.

« Je trouvais qu’il manquait une dynamique joyeuse dans la fête, la fin des années 2000 était une période assez sombre. C’est à ce moment que Lénaïc et Cédric des Tombées de la Nuit m’ont proposé de monter une soirée club à Rennes et que Crab Cake Corporation est né en 2011 avec une première soirée, une vraie fête, chaude, joyeuse et souriante avec des artistes de qualité ». Un état d’esprit qui va animer Rennes pendant 4 ans, au rythme d’une fête par saison et beaucoup d’autres collaborations avec les acteurs culturels rennais, notamment les Trans pour des soirées électro à l’Ubu… Avant la toute première édition de Big Love en 2015. « La philosophie de Big Love est simple : un grand week-end de fêtes, séduisant et positif, en lien avec l’Europe… » explique Luc.
Tout en préparant les prochaines éditions, et en attendant beaucoup d’autres événements, Luc nous dévoile ses lieux favoris de Rennes…

Flâner dans un grand mix architectural

Luc Donnard devant les Horizons
© Destination Rennes / Nicolas Joubard

« J’ai redécouvert la ville, son architecture, en faisant des repérages pour le film de Christophe Honoré, “Plaire, aimer et courir vite”, tourné à Rennes. En particulier dans le quartier de Bourg L’Evêque avec l’architecture incroyable des Horizons, de la Caravelle. Le futurisme très assumé de Georges Maillols me fascine… Rennes a un patrimoine architectural méconnu, très riche et surtout très varié avec des références au Bauhaus, à Le Corbusier ou au Brasilia de Niemeyer ».

« A Rennes tu peux changer d’époque en quelques rues »…

« Le patrimoine rennais est la preuve qu’on peut faire cohabiter des architectures très différentes… On a la chance d’avoir une ville très concentrée, où on peut tout faire à pied, tu peux vraiment changer d’époque en quelques rues » apprécie Luc. « Les partis-pris architecturaux sont très forts, par exemple avec le style Art déco du côté de l’Arsouille, ou de la piscine Saint-Georges avec ses mosaïques Odorico. A l’opposé de bâtiments contemporains comme la cité judiciaire, très néo futuriste, Les Champs Libres de Portzamparc ou l’immeuble de Jean Nouvel avec son architecture légère et aérienne.»

« Fan du jardin des Catherinettes »

Luc Donnard apprécie aussi Rennes pour ses parcs, où le festival Big Love prend souvent ses quartiers, pour des soirées de mix autour du patrimoine. « Oberthür, Saint-Georges et le Parc des Tanneurs sont des lieux que j’adore ! Je suis un grand fan de la partie basse du Thabor, le jardin des Catherinettes, avec ses cascades, ses recoins un peu secrets et ses arbres remarquables… Même après des dizaines de visites, je tombe toujours sur des lieux que je ne connais pas ».

Le goût de la bistronomie et de la cuisine de marchés…

Luc Donnard au restaurant le Bocal
Luc Donnard au restaurant le Bocal © Destination Rennes / Nicolas Joubard

Côté bistrots et restaurants, comme tous les Rennais, Luc a de bonnes adresses à partager. « J’apprécie le Saint-Germain (9 Place Saint-Germain), une nouvelle adresse très agréable, abordable avec des produits de qualité et une ambiance sympa. Les petits papiers aussi, juste en face sur la Place ».

Bistronome plutôt que gastronome ? La réponse est oui ! « Mon restaurant préféré reste clairement l’Arsouille (17 rue Paul Bert), c’est mon petit plaisir, à chaque fois que j’y vais j’hallucine sur ce que je mange. Le tire-bouchon aussi (2 rue du Chapitre) on s’y sent bien, c’est une institution, on n’est jamais déçu. Une valeur sûre comme le Bocal (6 rue d’Argentré), j’aime bien les endroits avec un comptoir » confie Luc qui fréquente régulièrement également La cantine des Ateliers du vent. « J’aime leur esprit simple et abordable, dans une des rares friches industrielles de Rennes reconvertie en lieu culturel ». Une dernière nouvelle adresse pour la route avant de partir en piste ? « Pour manger des tapas fin de soirée : je conseille le bistrot du Oan’s (4 rue Georges Dottin, en face du Oan’s Pub), quand tu peux y manger tard dans une ville, c’est le signe qu’il y a une vie nocturne »…

« Prendre le temps d’aller au marché Sainte-Thérèse

« J’adore la bouffe, c’est ma deuxième obsession après la musique. A Rennes on a une vraie chance : pour qui aime cuisiner et manger, on trouve à proximité une variété de produits de qualité sur les marchés. Le mercredi matin, j’aime prendre le temps d’aller à  celui de Sainte-Thérèse, dans un quartier très chouette. Au marché des Lices, avant 10 heures pour éviter le rush, on arrive facilement à avoir des produits en circuit court produits à moins de 20 kilomètres. Rennes est en bonne voie vers l’autosuffisance alimentaire, un véritable défi écologique et urbain ».

Ses 3 lieux culturels incontournables

Luc au Frac Bretagne
© Photo Nicolas Joubard / Ouvrage réalisé par Studio Odile Decq

Le Frac –Bretagne : « mon bâtiment contemporain préféré »

« J’adore le Frac, c’est mon bâtiment contemporain préféré. Odile Decq et son parti-pris  noir et rouge, c’est l’une des plus grandes architectes françaises… J’aime beaucoup y aller, on sort un peu de la ville, on passe par les alignements d’Aurélie Nemours avant d’aller visiter les expositions, le lieu est très apaisant ».

Fidèle du TnB (Théâtre national de Bretagne)

En dehors des nourritures terrestres, Luc se nourrit aussi de toutes les formes de cultures. Et à Rennes il est servi. Adepte du TnB (1 rue Saint-Hélier), comme beaucoup de Rennais : « Je suis abonné depuis que j’habite à Rennes, tous les spectacles que je peux y voir me nourrissent énormément. Je sais que je suis dans une grande ville culturelle où je peux voir toutes les productions qui passeront à l’Odéon ou qui ont été produites au festival d’Avignon. »

L’Hôtel Pasteur, « un des endroits les plus intéressants de Rennes en ce moment »

En fin connaisseur des détournements de lieux, Luc apprécie évidemment l’initiative de l’Hôtel Pasteur, un lieu participatif ouvert aux projets culturels en plein centre-ville. « Je suis attentif à ce qui s’y passe, nous avons organisé plusieurs fêtes là-bas, c’est un endroit très spécial, un projet à part, en mouvement grâce à l’énergie de Sophie Ricard. Chaque personne qui passe y laisse une trace collaborative… c’est clairement un des endroits les plus intéressants à Rennes en ce moment ».

Shopping autour de la Place du Parlement

Luc Donnard chez Groove Rennes
© Destination Rennes / Nicolas Joubard

En sortant des bureaux de Crab Cake Corporation, Luc a ses habitudes dans le quartier autour du Parlement de Bretagne. En commençant par un disquaire pour dénicher quelques vinyles. « Quand j’ai un coup de mou, je vais chez Groove Rennes (2 rue de la Motte-Fablet), pour trouver des pépites soul ou disco. Un disquaire avec beaucoup d’occasions et de musique black… »

Pour le rayon livres, Luc est aussi amateur d’occasions, il se fournit chez le bouquiniste Exercices de Styles (18 rue Hoche). « Je suis un inconditionnel de livres brochés, j’aime cette librairie de la rue Hoche, juste à côté du bar le Nabuchodonosor. J’y trouve beaucoup de littérature américaine, des éditions de l’Olivier ou d’Actes Sud. C’est un lieu ouvert avec une table sur le trottoir… »

Pour finir, une adresse pour trouver des fringues ? « J’aime bien la petite boutique Réformes, tout en longueur, sur la Place du Parlement avec un choix de marques chouettes comme A.P.C. une marque parisienne qui n’est pas très diffusée »…

Tourisme éco-responsable