Publié le 22 avril 2016 par Fabrice Mazoir, mis à jour le 20 février 2024

Il était une fois… la Vilaine

Vilaine, d'où vient ton nom ?

Vue sur la Vilaine depuis les falaises du Boël
© Destination Rennes - Franck Hamon

La Vilaine, cette jolie rivière qui traverse Rennes est en réalité un fleuve dont le nom n’a rien de péjoratif. Son origine remonte aux premières appellations bretonnes et celtiques.

La vilaine, 10ème fleuve de France

Bateau naviguant sur la Vilaine à Rennes au niveau des quais de la Prévalaye
© Destination Rennes – Franck Hamon

La Vilaine est une jolie rivière, ou plutôt un fleuve, puisque ses eaux se jettent dans l’Océan Atlantique entre Muzillac et Pénestin, dans le Morbihan, après avoir serpenté pendant 225 kilomètres depuis sa source située en Mayenne. Avec l’Ille, l’autre rivière qui passe par Rennes, elle forme le nom du département, l’Ille-et-Vilaine, dont les habitants se nomment désormais les Brétilliens. La Vilaine est aussi l’un des premiers cours d’eau à avoir été canalisé en France, dès le XIVème siècle. Mais d’où vient le nom du 10ème fleuve de France ? Il existe plusieurs hypothèses pour l’expliquer, de la plus historique à la plus légendaire…

Une rivière parfois jaune, noire ou rouille

Le nom de la Vilaine viendrait d’abord d’une ancienne dénomination bretonne, ar ster vilen, littéralement « la rivière aux moulins ». Plausible au vu des nombreux moulins qui bordent encore son cours aujourd’hui. Deuxième explication, encore plus crédible et très proche phonétiquement : le nom originel serait en fait ar ster velen, soit « la rivière jaune » en raison de la couleur boueuse de ses eaux lors des crues. Certains schistes pourraient aussi être responsables de colorations étonnantes comme en témoigne le plus ancien nom celte donné à la rivière : « Doenna »  qui signifie rivière profonde ou rivière noire. Même sens pour l’appellation grecque du 2ème siècle « Herios Potamos », rivière sombre ou brumeuse. A partir du XIème siècle, on l’appelle Visnonia, « la rivière aux eaux de rouille », déformation de Vicinonia qui donnera en version francisée Villaingne puis Vilaine. Rien à voir donc avec un quelconque jugement esthétique, même si la couleur y est pour quelque chose…

« Chaque explication a sa propre source »

Navigation sur la Vilaine à bord de bateau électrique
© Destination Rennes – Bestjobers

« La toponymie a souvent plusieurs racines, combinées à des associations d’idées. En Bretagne, avec les traditions celtiques et légendaires, chaque explication a sa propre source dont le sens change selon les transcriptions. La Vilaine n’échappe pas à la règle : à l’eau de la rivière on associe tout ce qu’elle charrie, les couleurs, les limons… » explique Gilles Brohan, Animateur de l’architecture et du patrimoine à l’office de tourisme de Rennes

Des eaux aux vertus magiques

Ecluse sur la Vilaine

Une étymologie populaire avance une autre explication, prêtant des vertus magiques aux eaux de la Vilaine.  Cette croyance remonterait aux premiers siècles de l’ère chrétienne. A cette époque, les femmes rennaises étaient tellement réputées pour leur beauté que les jeunes femmes disgracieuses venaient prendre des « bains de Vilaine » pour en tirer des effets bénéfiques.

Et au milieu coule une legende

Kayakistes sur la Vilaine du côté de Cesson-Sévigné
© Destination Rennes – Thomas Crabot

Il existe une dernière explication, légendaire, au nom de la Vilaine. Un conte, chanté par Théodore Botrel, retrace l’histoire d’une jeune fille aux cheveux d’or, boiteuse et bossue – d’où son surnom de «Vilaine» -, tombée amoureuse du fils d’une châtelaine, contemporaine de la Duchesse Anne. Une histoire d’amour impossible qui se termine mal : la jeune fille est sèchement éconduite. Inconsolable, elle pleure des rivières de larmes… 

« L’enfant, voyant son amour
Disparaître sans retour,
Sanglotait à perdre haleine
Tant, que son cœur se fendit…
Et c’est ainsi que partit
La Vilaine ! » « Aux lieux où l’enfant pleura,
Une source se montra
Dont elle fut la marraine :
La rivière qui coula
Depuis ce jour s’appela
“La Vilaine”‘.

(Extrait de La Vilaine – Théodore Botrel)

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