Publié le 09 mai 2023, mis à jour le 7 mars 2024

Autour de « Forever Sixties » : Rennes dans les années 1960

Repères historiques pour comprendre le contexte local de l'époque

Les tours des Horizons en construction dans les années 1960
Tour Les Horizons en construction, 1971, photographie du fonds Heurtier, musée de Bretagne.

Quel était le contexte artistique, culturel, social et économique à Rennes dans les années 1960 ? Voici quelques repères historiques sur cette période pour faire écho à l’exposition d’art contemporain de la Collection Pinault « Forever Sixties », à voir à Rennes au Couvent des Jacobins du 10 juin au 10 septembre 2023.

Le contexte artistique et culturel

Dans les années 1960, la scène artistique rennaise semble loin des inspirations du Pop art. Parmi les artistes rennais, le débat divise les tenants d’une figuration fidèle au réel et les partisans de l’abstraction géométrique. Antonio Otero, Mariano Otero et Clotilde Vautier font partie des tenants de la figuration : alors élèves à l’école des beaux-arts de Rennes, ils fondent en 1962 “l’Atelier des Trois”. La carrière de Clotilde Vautier est interrompue brutalement par son décès en mars 1968, des suites d’un avortement clandestin. Parmi les partisans de l’abstraction, le Rennais Francis Pellerin, professeur à l’école des beaux-arts de Rennes, crée avec d’autres artistes de Paris et d’ailleurs le groupe Mesure, qui expose pour la première fois en 1961 au Musée des beaux-arts de Rennes.

Côté musique et spectacle, la salle de La Cité ouvre en 1965 dans l’ancienne Maison du Peuple. En 1968 est inaugurée la Maison de la Culture, bâtiment qui accueille aujourd’hui le TNB. Une scène rock locale émerge lentement et progressivement dès les années 1960, notamment avec les groupes Les Atlas et Les Spirales.

Les débuts du militantisme étudiant

L’université de Rennes accueille un nombre croissant d’étudiants, en conséquence du baby-boom et d’un meilleur accès aux études supérieures : l’ampleur de la communauté étudiante fluctue entre 10 000 et 20 000 sur la décennie (contre plus de 50 000 aujourd’hui). Les campus de Beaulieu et de Villejean sont construits entre 1963 et 1970 : tous deux sont façonnés par Louis Arretche. Comme dans le reste de la France, le vent de révolte de Mai 68 souffle sur Rennes. En Bretagne, les revendications ouvrières et paysannes convergent et devancent le mouvement : le 8 mai 1968, 7000 personnes manifestent à Rennes sous le slogan “L’Ouest veut vivre”. Les manifestations estudiantines et la grève générale des travailleurs suivent dans le courant du mois. La scission de l’université entre Rennes 1 et Rennes 2, en 1969, est une des conséquences de Mai 68.

Boom démographique et économique

Construction des Horizons à Rennes
Tour Les Horizons en construction, 1970, photographie du fonds Heurtier, musée de Bretagne.

La ville de Rennes connaît une croissance démographique et urbaine importante dans les années 1960 : environ 30000 nouveaux habitants arrivent entre 1962 et 1968, portant la population à 188 500 citadins. Sous la mandature d’Henri Fréville, maire de 1953 à 1977, des quartiers entiers se bâtissent ou se transforment, comme Bourg-l’Évesque, Bréquigny, Maurepas, Villejean ou le Blosne. Ce renouvellement urbain permet d’apporter aux logements l’eau courante et les WC à l’intérieur, qui manquaient encore à un tiers des appartements au milieu des années 1950.

Ce besoin de construction voit le développement des grands ensembles, et l’éclosion d’un style architectural qui marque encore aujourd’hui le paysage rennais. L’architecte Georges Maillols achève la Tour des Horizons en 1970 : c’est un des premiers immeubles d’habitation de grande hauteur en France. Sa façade courbe est constituée d’éléments préfabriqués en béton. L’architecte-urbaniste Louis Arretche dessine le plan de la ZUP (zone à urbaniser en priorité) de Villejean en 1960, puis le plan du secteur Colombier en 1961-62.

Rennes bénéficie aussi de la prospérité économique des Trente Glorieuses. L’usine Citroën (aujourd’hui Stellantis) de Rennes – La Janais ouvre à Chartres-de-Bretagne en 1960 : pendant la décennie, elle produit les automobiles Citroën Ami 6, puis Ami 8. La voiture se répand et conquiert les habitudes de mobilité, comme le montre l’ouverture de la rocade routière en 1968.

Usine Citroën La Janais, 1963, photographie du fonds Heurtier, musée de Bretagne
Usine Citroën La Janais, 1963, photographie du fonds Heurtier, musée de Bretagne

Repères architecturaux

  • 1962 : Tour Sarah Bernhardt édifiée par les architectes Jean-Yves Deltombe et Jean Lemercier
  • 1963 : Immeuble Arc-en-Ciel édifié par les architectes Jean-Yves Deltombe et Jean Lemercier
  • 1964 : Immeuble “La Banane” édifié par les architectes Jean-Michel Legrand, Jacques Rabinel et Jean-Gérard Carré
  • 1968 : Barre Saint-Just édifiée par les architectes Georges Maillols et Albert Lamotte
  • 1968 : Maison de la Culture (aujourd’hui TNB) édifiée par les architectes Jacques Carlu, Michel Joly et Patrick Coué
  • 1970 : Tour Les Horizons édifiée par l’architecte Georges Maillols
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