Publié le 02 juin 2020 par Fabrice Mazoir, mis à jour le 27 décembre 2023

Pépites architecturales et patrimoniales

6 trésors méconnus à voir dans la métropole rennaise

Les Roches du Diable près de Bécherel
Destination Rennes – Fabrice Mazoir

Et si vous alliez plus loin que votre horizon habituel ? Il suffit de partir à la recherche des trésors méconnus autour de Rennes : curiosités architecturales, particularités du patrimoine local, ces pépites de la métropole rennaise sont vraiment à voir. Des lieux sacrés ou profanes autour desquels il fait bon flâner.

Le patrimoine rennais est riche de monuments apprécié des visiteurs : le Parlement de Bretagne, la cathédrale Saint-Pierre, les Portes Mordelaises… Son architecture est aussi pleine de surprises et d’originalités qui en font un savant mélange de styles et d’époques : les traditionnelles maisons à pans de bois côtoient les mosaïques Odorico ou encore les immeubles futuristes sortis de l’imagination de Georges Maillols. Mais ce que vous ignorez sans doute c’est que d’autres trésors se cachent aux alentours, à quelques kilomètres de la ville. Des lieux souvent connus des seuls locaux que nous vous proposons de parcourir à l’occasion d’une balade.

La carte pour se repérer

1. Les Roches du Diable de Miniac-sous-Bécherel

Des mégalithes classés aux monuments historiques

En Bretagne, les sites mégalithiques sont légion. En Ille-et-Vilaine, le plus connu et le plus remarquable est sans doute le dolmen de la Roche-aux-Fées, parmi les plus grands et les mieux conservés en Europe avec son allée couverte de près de 20 mètres. Mais autour de Rennes, il existe d’autres sites sacrés moins connus. Des lieux préservés qui méritent le détour. Les Roches du Diable de Miniac-sous-Bécherel en font partie. Juste à côté de Bécherel, la Cité du Livre perchée sur son promontoire, le site des Roches du Diable se découvre facilement. Pour le trouver, rien de compliqué, en partant de la place de la mairie quelques chemins filent en pente douce vers un champ. De là, un sentier ziguezague le long d’allée de marronniers, on pénètre ensuite dans un « temple » de dolmens à ciel ouvert.

A chaque dolmen sa légende

Petit site, mais grandes émotions : deux menhirs principaux dont l’un est resté couché, sont entourés d’une soixantaine de blocs de pierre entre lesquels la végétation a repris ses droits. On devine l’envergure du site en l’explorant respectueusement. Car même si ces monuments sont très anciens (la plupart des dolmens ont été érigés en Europe du néolithique à l’âge de bronze, entre 5000 ans et 1800 ans avant JC), ils restent fragiles. D’autant qu’ils sont le lieu de croyances encore vivaces en Bretagne : les Roches du Diable n’ont d’ailleurs rien de diabolique, c’est le nom que la religion chrétienne affuble traditionnellement les anciens cultes pour les discréditer. Ici, la légende raconte que les jeunes filles en quête d’un époux doivent venir faire le tour trois fois du cairn, « sans parler ni rire » pour être assurées de trouver un mari dans l’année. Si ce n’est pas votre volonté, vous pouvez juste venir y méditer et prendre le frais près des pierres levées.

Destination Rennes – Fabrice Mazoir
  • Accès : Miniac-sous-Bécherel, à 30 kilomètres au nord de Rennes sur l’axe en direction de Saint-Malo. En voiture prendre la sortie Hédé puis suivre les directions Saint-Gondran, Cardroc, la Chapelle-Chaussée. Depuis Bécherel, à pied vous y serez en 30 minutes, 5 minutes en voiture. En bus via la Star, prendre la ligne métropolitaine 82 depuis Villejean-Universités.
  • Circuit conseillé : le circuit des Roches du Diable fait une boucle de 8km depuis Bécherel en passant par le site mégalithique. Un beau circuit pour les randonneurs. Balisage jaune et bien indiqué au départ de Miniac, le circuit emprunte après Bécherel une portion d’un circuit de grande randonnée, balisage rouge et blanc classique.
  • A voir à faire à proximité : Cette petite visite est l’occasion de découvrir les nombreuses richesses du pays de Bécherel, à commencer par la petite Cité de caractère en elle-même avec de nombreux libraires et sa Maison du livre évidemment, mais aussi par une visite de château de Caradeuc, « le Versailles breton » qui est tout proche. Ne partez pas sans avoir admiré quelques éléments notables dans le petit bourg tranquille de Miniac-sous-Bécherel : des anciennes maisons, un joli manoir et surtout l’église Saint-Pierre et la fontaine Saint-Lunaire.

2. Notre-Dame-du-Nid-au-Merle à Saint-Sulpice-la-forêt

Une abbaye légendaire à l’orée de la Forêt de Rennes

Si vous aimez le charme romantique des ruines, filez vers le Nord-Est en direction de la Forêt de Rennes. A l’orée de cet océan de verdure de près de 3000 hectares se cache une abbaye du Moyen Âge dont les vestiges ont été sauvegardés. Edifiée au XIIème siècle dans un style roman, l’abbaye de Notre-Dame-du-Nid-au-Merle dépendait de la règle bénédictine et de sa maison-mère, l’abbaye de Fontevraud. Sa fondation et son nom sont liés à une légende et à la forêt toute proche : un jour, dans la forêt du Nid-au-Merle (qu’on appelle aujourd’hui forêt de Rennes), un jeune berger fait la découverte d’une statuette de la Vierge dans un nid de Merle près d’un étang. Sept fois il tente de la rapporter chez lui, sept fois la statue retourne comme par miracle dans son nid…

Une site frappé par les épreuves : tempête, incendies, guerres, épidémies, famines…

Le monastère créé en ce lieu légendaire par Raoul de la Futaie en 1112, accueillait à la fois des moines et des moniales. Le site était autrefois très vaste. Aujourd’hui, il en reste essentiellement le transept, mais on devine la beauté et la grandeur des lieux avec un peu d’imagination.

Après le rattachement de la Bretagne à la France, l’abbaye décline et connaît de nombreuses péripéties : un ouragan la dévaste en 1616, après des épidémies de pestes, des incendies à répétition, les guerres de religion, la famine… Bref, c’est presque un miracle qu’il en reste quelque chose aujourd’hui. Alors poussez la petite grille pour faire une visite à ciel ouvert en suivant les explications historiques sur les panneaux. Le lieu fait en effet partie des sites protégés au titre des monuments historiques et préservés par le département d’Ille-et-Vilaine qui en a fait l’acquisition en 1989.

  • Accès : A 20km en voiture depuis Rennes par l’Autoroute A84 direction le Mont-Saint-Michel : sortir à Liffré puis prendre la D528. L’abbaye est à l’entrée du bourg. Par le bus, ligne directe métropolitaine numéro 70.
  • Circuit conseillé : la visite n’est pas très longue, prolongez donc la balade par un petit tour en forêt de Rennes, direction Mi-forêt pour aller l’explorer. Les circuits sont très nombreux : 80 kilomètres de sentiers s’offrent aux randonneurs. Celui autour de l’étang des Maffrais est assez simple à trouver. Depuis Thorigné-Fouillard, une autre balade balisée est à faire.
  • A voir à faire à proximité : le Canal d’Ille-et-Rance est tout proche, il est particulièrement mignon à Betton. Idéal pour se balader à pied ou à vélo.

3. Les anciennes mines de Pont-Péan

Un bel exemple de patrimoine industriel

Destination Rennes – Julien Mignot

Entre le XVIIIème siècle et le XIXème, les mines de Pont-Péan ont connu une intense activité d’exploitation du plomb argentifère. La mine figurait à l’époque parmi les plus grandes d’Europe, et le site a compté jusqu’à 1200 ouvriers. Comme dans d’autres régions, l’activité minière a périclité, mais il en reste des vestiges visibles. Un riche patrimoine industriel, valorisé notamment par l’association Galène. Au-delà des puits qui sont évidemment inaccessibles (le plus profond, le puits de la République descendait les mineurs jusqu’à 600 mètres de profondeur), il reste des traces de cette activité à Pont-Péan : dans la toponymie bien sûr, mais aussi dans l’architecture avec le bâtiment administratif. Un bel exemple d’architecture industrielle en briques, inscrit aux monuments historiques. Ce bâtiment le plus emblématique fait d’ailleurs l’objet d’un projet de réhabilitation pour le restaurer et accueillir des activités culturelles et associatives ainsi qu’un parcours patrimonial sur l’histoire de la mine.

En attendant, on peut toujours en faire le tour et admirer sur le site une œuvre du street-artiste War !. La chapelle voisine ne manque pas d’intérêt : ancien vestiaire des mineurs on peut y lire cette maxime en latin : « nihil occultum quod non revelatur », « rien de caché qui ne doive être révélé ». D’autres éléments du patrimoine minier local devraient d’ailleurs être révélés : sous le hangar d’une entreprise voisine, des halles de type Eiffel ont été protégées de l’usure du temps.

  • Accès : A 15 km au sud de Rennes par la 4 voies direction Nantes, prendre la première sortie de Pont-Péan puis suivre la direction Espace BeauSoleil, un parking se trouve juste à côté du bâtiment administratif de l’ancienne mine et de la chapelle. En bus, ligne numéro 72.
  • Circuits conseillés : Il existe de nombreux circuits pédestres détaillés sur le site web de la mairie . Des balades sonores sont aussi proposées avec un balisage pour découvrir le patrimoine local.
  • A voir / à faire à proximité : Le site du Boël et son fameux moulin sont à 5 kilomètres à peine de Pont-Péan.

4. L’église Saint-Maximilien Kolbe de Corps-Nuds

Un clocher néo-byzantin dans la campagne bretonne

Corps-Nuds, c’est pas Byzance mais ça y ressemble ! Quand on approche de la petite ville du Sud de Rennes, une haute silhouette aux formes ondulées se dessine à l’horizon : l’église Saint-Maximilien Kolbe avec son clocher à bulbe romano-byzantin si particulier. Un style original, pas vraiment répandu en Bretagne, voulu par l’architecte Arthur Regnault. Non loin de là le clocher de l’église de Saint-Senoux (imaginée par le même architecte) en reprend les codes. Au total sur la cinquantaine d’églises dessinées par l’architecte en Haute-Bretagne, plus d’une dizaine d’édifices puisent dans cette inspiration romano-byzantine.

L’église de Corps-Nuds est sans doute la plus emblématique. Notamment par sa dimension. Achevée en 1892, l’église en impose et domine la campagne environnante. Le mélange des matériaux locaux, le schiste et le granit avec du tuffeau et de la brique lui donne même un faux-air de mini-Place Rouge. D’ailleurs en 1942, pendant la Seconde Guerre Mondiale, les Allemands ont utilisé ce “décor” pour tourner un film de propagande intitulé Battage du blé en Ukraine. Histoire de rendre plus crédible les « FakeNews » sur l’avancée de leurs troupes en URSS. Au-delà de la petite anecdote, l’église classée aux monuments historiques vaut assurément le coup d’œil.

  • Accès : à une vingtaine de kilomètres de Rennes en prenant la direction d’Angers, sortie Corps-Nuds en empruntant la D163. En bus, ligne métropolitaine numéro 73.
  • Circuits conseillés : des chemins pédestres sillonnent les alentours de Corps-Nuds, un plan est disponible en ligne. En vous baladant, vous aurez un point de vue sur l’église et son clocher, immanquable dans le panorama.
  • A voir / à faire à proximité : Les Jardins Rocambole, un drôle de jardin remarquable, un éco-potager insolite tenu par un couple de passionnés. www.jardinsrocambole.fr/

5. Le site de la Lormandière à Chartres-de-Bretagne

A côté des anciens fours à chaux, une flore étonnante

Le site de la Lormandière est à la fois un témoin du patrimoine industriel et un site naturel particulier. Entre 1853 et 1938, des fours à chaux y produisaient de la chaux vive, un produit écologique bien connu des jardiniers pour améliorer la qualité des terres acides. Ce n’est pas un hasard si cette activité s’est développée à cet endroit précis de Chartres-de-Bretagne. Le sol y est calcaire, ce qui est rare et a permis à la Lormandière d’être le principal site de production de chaux en Bretagne.

L’autre particularité du site est sa flore, elle aussi très rare. Cette Zone naturelle d’intérêt écologique, floristique et faunistique (ZNIEFF) abrite des plantes remarquables : des orchidées sauvages parmi lesquelles l’ophrys abeille, l’orchis pyramidal et l’orchis bouc. L’ancienne carrière est aujourd’hui un lac dont la couleur bleue turquoise tranche dans le paysage. Un sentier en fait le tour et, selon le point de vue, on se croirait un peu au bord d’une calanque, ou face à un lagon. L’originalité du site est parfaitement détaillée au fil des panneaux explicatifs à la fois sur le passé industriel et sa richesse naturelle. Des informations à retrouver sur le site du département d’Ille-et-Vilaine qui valorise et protège les espaces naturels.

  • Accès : A 10 kilomètres au sud de Rennes direction Nantes par la voie express. Ligne de bus numéro 72.
  • Circuits conseillés : Le circuit pédagogique permet de faire le tour en une heure de l’histoire du site industriel de découvrir la faune et la flore et de profiter de points de vues sur l’étang. Des panneaux explicatifs jalonnent le circuit de 2,7 km qui part du parking. Pour les randonneurs plus motivés, le grand circuit de la Lormandière trace une boucle d’un peu de plus de 6 kilomètres autour du site en empruntant chemins et petites routes chartraines.
  • A voir / à faire à proximité : Le GR 39 passe à Chartres à travers le parc de loisirs et rejoint de là les bords de la Vilaine. Les bords de Seiche sont aussi très agréables pour faire du vélo, de la randonnée ou de la course à pied.

6. L’église de l’Anastasis de Saint-Jacques-de-la-Lande

Un bijou de béton blanc signé de l’architecte Alvaro Siza

“Anastasis”, pour résurrection… La nouvelle église de Saint-Jacques-de-la-Lande est la première église inaugurée en Bretagne au XXIème siècle. La première église contemporaine aussi à être construite dans la région depuis plus de quarante ans. Consacrée en février 2018, elle a été dessinée par le génial et réputé architecte portugais, Alvaro Siza. Réalisée dans son matériau fétiche – un béton blanc immaculé et tellement doux au toucher – l’église contemporaine est posée au milieu des habitations. Bordée par une mare où coassent les grenouilles, c’est un petit bijou d’architecture et de lumière, devant lequel beaucoup d’habitants et de Rennais passent sans se douter qu’ils ont sous leurs yeux un chef-d’oeuvre d’architecture contemporaine.

  • Accès : L’église est située Rue du Haut Bois, 35136 Saint-Jacques-de-la-Lande. Pour s’y rendre depuis Rennes le plus simple est d’y aller à vélo : de multiples pistes cyclables mènent à Saint-Jacques-de-la-Lande en passant par la Prévalaye puis en suivant la belle piste aménagée le long du Petit Blosne, le plan est à retrouver sur le site de la mairie. En bus : prendre la ligne numéro 57 et descendre à l’arrêt haut-bois juste à côté de l’église.
  • Circuit conseillé : Le circuit du parc à la découverte de la flore et de la faune des zones humides. Environ 6 kilomètres.
  • A voir / à faire à proximité : Balades sur les chemins de Halage entre le MeM, guinguette et salle de spectacle en bord de Vilaine, et les étangs d’Apigné.
Tourisme éco-responsable